L'accueil de la petite enfance en crise Les actions du collectif « Pas de bébés à la consigne! » mettent au jour la crise du secteur de la petite enfance. Les professionnels dénoncent les mesures prises par le gouvernement pour augmenter artificiellement le nombre de places disponibles.
Faute d'obtenir des places dans une structure adaptée, les femmes qui perçoivent un petit salaire se voient très souvent contraintes à mettre leur vie professionnelle entre parenthèses jusqu'à l'entrée en maternelle de leur(s) enfant(s). On connaît les difficultés qu'éprouvent ces femmes pour retrouver ensuite un emploi - et l'impact d'une telle situation sur le niveau de leur retraite. Bientôt 500 000 places nécessaires? Si l'urgence de trouver des solutions pour assurer la garde des enfants est unanimement admise, les solutions pour y parvenir sont loin de faire consensus. Les experts estiment que la France a besoin de 350 QOO places d'accueil supplémentaires pour couvrir les besoins actuels. Et ce nombre pourrait très rapidement friser les 500000 si la scolarisation des enfants de 2 ans continue de baisser au rythme actuel. Au sein de la Cnaf (Caisse nationale d'allocations familiales), la CFDT s'est battue avec succès afin d'augmenter les financements à destination des crèches, mais les effets sont à peine visibles. « Nous sommes dans une situation paradoxale, explique Yves Vérollet, secrétaire confédéral. L'augmentation du nombre de places dans les crèches ne fait que compenser la baisse de la scolarisation à 2 ans. La situation globale ne s'est donc guère améliorée malgré les efforts fournis. » Le gouvernement - qui s'est engagé à créer 200 000 places pour les tout-petits d'ici à 2012 - cherche de son côté à augmenter les capacités d'accueil dans l'urgence et à moindre coût. En autorisant les assistantes maternelles à s'occuper de quatre enfants de moins de 3 ans (au lieu de trois bambins auparavant), il a ainsi pu annoncer la création de 50 000 places. Il a également assoupli les conditions d'accueil dans les crèches et autorisé le regroupement des assistantes maternelles, qui pourront alors accueillir des enfants au sein de structures beaucoup plus souples que les crèches traditionnelles. Ne pas sacrifier la qualité de l'accueil. Selon la CFDT, qui soutient l'action du collectif" Pas de bébés à la consigne!" (La Fédération Interco en fait notamment partie), la qualité de l'accueil ne peut être considérée comme une variable d'ajustement pour combler le manque criant de structures. « Nous privilégions le mode d'accueil en crèche - qui répond le mieux aux besoins des familles, et particulièrement des familles modestes, souligne Véronique Descacq, secrétaire nationale chargée de la famille. Pour autant, il est indispensable de valoriser le travail de l'ensemble des professionnels de la petite enfance. Le développement de modes d'accueil de qualité est au cœur de notre projet de société. Il conditionne l'accès des femmes à l'emploi, la professionnalisation des métiers de services ou bien encore le bien-être et le développement des enfants. Le gouvernement, en gérant le dossier une fois encore avec une approche comptable, ne semble pas avoir pris toute la mesure de l'enjeu. » Jérôme Citron
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