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   Page mise à jour le 05/05/2009 à 10:59

François Chérèque :
« Il ne peut y avoir d'unité nationale sans efforts partagés par tous » .

Le secrétaire général de la CFDT estime que le gouvernement, qui «joue avec le feu» en «court-circuitant les syndicats», risque de «se réveiller avec un conflit dur»

Emploi, restructurations, retraites, pouvoir d'achat ... Les mouvements sociaux se multiplient à Air France, dans les hôpitaux, à l'éducation nationale ou à La Poste. Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, évoque le «profond sentiment d'injustice» des salariés des entreprises touchées par la crise. Il dénonce les «erreurs» du gouvernement et déplore l'absence de réponse du Parti socialiste.
La France est confrontée à un très net ralentissement de l'activité. Quelle est la priorité aujourd'hui pour la CFDT, l'emploi ou le pouvoir d'achat?

L'emploi est redevenu la préoccupation première des Français, mais il ne faut pas oublier les travailleurs pauvres qui se retrouvent aujourd'hui dans une situation dramatique. Dans les entreprises touchées par la crise, les salariés ressentent un profond sentiment d'injustice. Ils manifestent une incompréhension totale face aux sommes dégagées pour les banques. Le gouvernement a beau expliquer que cela ne coûtera pas un centime à l'Etat, personne n'y croit. Le sentiment dominant est que, quand il y a des efforts à faire, on ne les demande qu'aux salariés. Que devrait faire le gouvernement?

D'abord reconnaître qu'en matière de pouvoir d'achat, il existe encore des marges de manœuvre. L'Etat accorde 30 milliards d'euros d'allégements de charges aux entreprises. Il doit n'aider que celles qui font des efforts en matière de salaire, de qualification et de déroulement de carrière. Certaines entreprises souffrent parce qu'elles n'ont pas anticipé les problèmes. D'autres profitent de la crise pour dégraisser.

La défense du pouvoir d'achat passe aussi par un meilleur accès au crédit. Ce que font les banques actuellement est totalement immoral : elles augmentent le coût des crédits pour reconstituer leurs marges. Le gouvernement doit sortir des injonctions et les contraindre à prêter à des taux qui ne soient pas prohibitifs. Approuvez-vous le « retour» des emplois aidés?

En les rétablissant, le gouvernement reconnaît son erreur. Il doit aller plus loin et admettre qu'il s'est aussi trompé en encourageant les heures supplémentaires et la monétarisation des RIT. Ces deux mesures ont accéléré les destructions d'emploi. Certaines entreprises ont supprimé des CDD pour les remplacer par des heures supplémentaires. Et celles qui ont choisi de monétiser leurs RIT ne bénéficient plus de cette souplesse pour s'adapter au ralentissement de l'activité. Elles mettent leurs salariés en chômage technique. L'Etat paye alors deux fois: la défiscalisation des heures supplémentaires et une partie du coût du chômage technique, c'est absurde.
<li>Faut-il un plan de soutien à l'automobile?
Oui, rapide et d'ampleur européenne.
  • Doit-on, pour lutter contre le chômage, interrompre les suppressions d'emplois dans la fonction publique?

  • A tout le moins, il faut la geler, le temps d'avoir un débat de fond sur les missions de la fonction publique. On nous dit que l'Etat va renforcer son rôle d'intervention et de contrôle et on continue à supprimer les emplois qui assureraient ces missions. C'est illogique.
  • Les syndicats n'auraient-ils pas dû répondre aux appels à l'« unité nationale » lancés par le gouvernement?

  • Il ne peut y avoir d'unité nationale sans efforts partagés par tous. Dès que la crise financière s'est installée, Nicolas Sarkozy aurait dû suspendre le bouclier fiscal. C'était une nécessité morale et politique, la condition sine qua non pour qu'une solidarité se crée. Au lieu de quoi, on a vu des députés UMP proposer la suppression de la prime transport !


  • Les dernières mesures sur le temps de travail sont-elles à l'origine d'une rupture avec la CFDT?

  • Le désaccord de fond aujourd'hui entre la CFDT et le gouvernement va bien au-delà des 35 heures. Il porte sur les modifications qu'il est en train d'apporter au contrat de travail et sur l'individualisation des droits, qui deviennent de plus en plus du « gré à gré ».
  • Faites-vous allusion à la relance du débat sur le travail du dimanche?


  • Un salarié qui veut être embauché et à qui l'on demandera s'il veut travailler le dimanche ne pourra pas dire non. La liberté de choix est faussée. Nous sommes contre la généralisation du travail le dimanche et contre sa banalisation. C'est un problème de société qui concerne la famille, la culture, le sport, la religion. Il faut un débat national. On verra ensuite si les syndicats doivent ou non engager des négociations dans les branches.

    Mais ce qui m'inquiète beaucoup, c'est la façon de faire du gouvernement: pour réformer le droit du travail, il passe de plus en plus par des textes d'origine parlementaire ou par des amendements. Cela lui permet de court-circuiter les syndicats. Que voulez-vous dire?

    A la différence du gouvernement, les parlementaires ne sont pas tenus de proposer aux partenaires sociaux d'ouvrir une négociation avant toute décision. Le gouvernement peut alors se défausser. C'est ce qu'il a fait sur le départ à la retraite à 70 ans et c'est ce qu'il fait sur le travail le dimanche. En procédant ainsi, il joue avec le feu. Un jour, il va se réveiller avec un conflit dur du type CPE.

  • La possibilité de travailler jusqu'à 70 ans est-elle un casus belli pour la CFDT?

  • Oui. La crise économique va provoquer encore plus de carrières accidentées. Des salariés vont arriver à 65 ans avec une petite retraite. On leur dira: soit vous restez pauvres, soit vous continuez à travailler.
    • Où est le choix? Y aura-t-il une action commune des syndicats avant les élections prud'homales de début décembre?
    • La date du 3 décembre pousse certains à se précipiter.]e n'ai pas peur de manifester, mais si nous devons organiser un mouvement, il faut le réussir pour ne pas risquer de nous affaiblir. La dernière journée d'action intersyndicale du 7 octobre a été peu suivie. Nous ne sommes pas à un mois près.
    • Que pensez-vous de la situation au PS ?

    • Le PS n'est pas sur les sujets de fond. Il doit sortir au plus vite de la guerre des chefs. L'absence d'opposition structurée entraîne une hypertrophie du pouvoir qui a déjà tendance à être fort et un dysfonctionnement de la démocratie. Il n'est pas normal que le débat s'organise entre le gouvernement et la majorité. Pour les syndicats, la situation est particulièrement délicate car on fait peser sur leurs épaules une responsabilité qui n'est pas la leur.
    • La montée d'une contestation radicale du libéralisme, illustrée par Olivier Besancenot, vous préoccupe-t-elle ?

    • Oui, parce qu'aujourd'hui plus personne n'assume vraiment une économie de marché régulée. Même le président de la République ne la défend plus. Ce vide amène de la radicalité. Il y a peu de choses audibles aujourd'hui à part le rejet de tout.

      • PROPOS RECUEILLIS PAR RÉMI BARROUX ET FRANÇOISE FRESSOZ
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