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   Page mise à jour le 05/05/2009 à 11:10
« La crise économique ne modifie pas nos revendications »
François Chérèque fait le point sur les enjeux de la rentrée à quelques jours du premier meeting inter régional. Entretien.
A propos de Si on me cherche …, quelles sont les raisons qui t'ont poussé à faire ce livre?
Tout d'abord l'envie de montrer notre différence vis-à-vis des autres syndicats. Ensuite, j'avais besoin d'expliquer les raisons des engagements de la CFDT ces dernières années. Et puis, comme je le fais régulièrement avec les militants CFDT, j'ai voulu expliquer et montrer comment fonctionne le syndicalisme dans ses relations avec les responsables politiques et patronaux. Nous sommes à une époque où un sentiment de flou dans les relations entre les uns et les autres est préjudiciable aux syndicats, et à la CFDT en particulier. Enfin, dernier point-et j'y tiens, je le dois aux militants CFDT.
Le pouvoir d'achat reste la préoccupation majeure. Dans le contexte difficile de la rentrée, quelles sont les priorités de la CFDT?
Elles ne changent pas: amélioration du pouvoir d'achat, emploi, sécurisation des parcours professionnels ... En revanche, nous les aborderons peut-être différemment. Ce ne sont pas les difficultés économiques qui modifient nos revendications. Ce qui change, c'est la façon de les poser. Ainsi, je souhaite qu'au-delà des négociations, le gouvernement revienne sur le problème des allégements de charges des entreprises. Le débat est loin d'être clos sur l'utilisation des 24 Md€ qui ont été alloués aux entreprises et sur les contreparties que nous leur demandons: amélioration des bas salaires, lutte contre la généralisation des temps partiels, maintien des seniors dans l'emploi, embauche des jeunes ... Ce ne sont pas les demi-mesures du gouvernement qui nous feront abandonner nos revendications. Et puis nous mettons les employeurs face à leurs responsabilités. Les entreprises qui ont engrangé des marges doivent ouvrir ou rouvrir des négociations. Cela est valable aussi dans la fonction publique.
Car c'est comme ça que je leur parle et c'est comme ça que notre organisation débat.
Quelles sont les réactions?
L'accueil est positif. Beaucoup me disent que, pour la première fois, un responsable syndical dit clairement comment les choses fonctionnent dans les coulisses. C'est cela qui surprend. Les observateurs de la vie sociale et les journalistes le découvrent. Je remarque au passage qu'il n'y a aucun démenti, mis à part celui du président de la République sur l'amnistie ...

" Le débat est loin d'être clos sur l'utilisation des 24 milliards d'euros qui ont été alloués aux entreprises et sur les contreparties que nous leur demandons. "
Visiblement, ce livre dépasse le cercle habituel des lecteurs militants et le succès de librairie (1) montre que le syndicalisme intéresse. La CFDT intéresse.1l fallait donc le faire.

Quel discours la CFDT peut-el1e tenir vis-à-vis de la crise financière?
Tout d'abord, nous n'avons pas à nous prendre pour des économistes. Nous sommes avant tout des syndicalistes. Il nous faut agir avec nos armes, là où nous sommes, dans les entreprises et dans les administrations. Dans notre pays, les responsables politiques en mal de solutions ont tendance à se tourner vers les syndicalistes.
Nous sommes face à une crise de non-régulation des finances mondiales. Les premiers responsables sont les dirigeants des pays les plus riches du monde - à commencer par celui des États-Unis , car ils sont chargés de prévoir des régulations et de faire respecter la réglementation financière.
Je refuse le discours de l'impuissance des pouvoirs publics. Réunir le G8, comme le propose le président de la République, est une bonne idée à condition que les chefs d'État se donnent les moyens de mettre en place de nouvelles régulations assorties de moyens de contrôle.

La casse des 35 heures a été vécue difficilement chez les militants CFDT. On a le sentiment, à la rentrée, que la CFDT marque des points. le climat a-t-il changé?
On a un gouvernement qui, à l'image du président de la République, aime le rapport de forces. Mais la CFDT ne doit pas se laisser perturber par ce mode de relations. On doit donc répondre fermement aux désaccords mais aussi savoir engranger ce que l'on obtient du gouvernement ou des négociations avec le patronat.
Je pense que nous avons l'occasion d'être totalement nous-mêmes dans cette période car nous savons ce que nous voulons. Ainsi, nous sommes capables de dire que la prise en charge des transports collectifs partout en France est une victoire CFDT parce que nous avons été les premiers à la proposer.
Mais c'est insuffisant pour tous ceux qui ne pourront pas profiter de cet avantage faute de transports en commun. On est dans une bonne logique syndicale: la fermeté, l'engagement lorsque les choses sont positives et puis on continue. Aucun militant n'imagine que la CFDT puisse s'arrêter à une simple première mesure.


L’accord sur le dispositif carrières longues est un mauvais coup du gouvernement...
Raison de plus pour poursuivre. Le gouvernement revient sur une partie du dispositif carrières longues. Il n'y a pas de raison de pénaliser des salariés qui ont commencé à travailler très jeunes. Nous resterons fermes là-dessus. Nous contestons cette circulaire d'une inégalité flagrante devant le Conseil d'État et j'aurai l'occasion de m'exprimer fortement sur le sujet lors des prochains meetings ... Cela dit, je suis très surpris des réactions, plus précisément de l'absence de réaction des autres syndicats qui ne se mobilisent pas pour défendre le dispositif. Cela revient à dire: puisque c'est la CFDT qui l'a gagné, qu'elle se débrouille. Bref, des syndicats refusent de se mobiliser sur une injustice sociale flagrante au risque d'abandonner une partie des salariés qui, souvent, ont eu des carrières peu rémunératrices et pénibles.
La campagne prud'hommes va mettre en mouvement toute la CFDT au cours du trimestre. Peux-tu expliquer l'enjeu?
Ces élections sont encore plus importantes que les précédentes. Pour une raison simple. Nous sommes engagés dans une réforme de la représentativité fondée sur les élections
« Nous devons démontrer que l'on peut être fort dans les entreprises mais aussi aux prud'hommes. »
en entreprise. Or, certains syndicats, par déni de démocratie, ont refusé ce changement.

Ils prétendent faire la preuve, par leurs scores, que cette élection prudhommale est la bonne mesure de la représentativité pour ensuite remettre en cause la réforme soutenue par la CGT et la CFDT. Nous devons donc démontrer que l'on peut être fort dans les entreprises mais aussi aux prud'hommes. Les salariés qui votent pour la CFDT dans les entreprises doivent se déplacer et aller voter pour la CFDT aux élections prud'hommes. C'est l'objectif de la campagne CFDT et c'est comme ça que l'on fera un bon résultat.

Pour résumer ...
C'est le syndicalisme de proximité, celui qui donne des résultats au quotidien pour chaque salarié, qui doit gagner dans l'entreprise et qui doit gagner aussi aux prud'hommes.

Le 7 octobre, la Journée mondiale pour le travail décent se double d'une mobilisation nationale. Pourquoi?
Il n'y a pas de mélange des genres. Nous appelons, avec le mouvement syndical international, à une Journée mondiale pour le travail décent partout où il existe des syndicats libres. Qu'est-ce que le travail décent? C'est un travail correctement rémunéré avec des conditions de travail acceptables et une protection sociale digne de ce nom. En France, des salariés travaillent à temps partiel imposé, effectuent des travaux pénibles, sont victimes d'accidents du travail... Des pans entiers de la protection sociale sont remis en cause. Notre pays compte 2 millions de travailleurs pauvres ... Lutter pour le travail décent, c'est aussi lutter auprès de ces salariés-là pour améliorer leur situation. Trois grandes négociations s'ouvrent suite à l'accord de janvier sur la modernisation du marché du travail. Quel est le lien entre elles? Que peuvent en attendre concrètement les salariés?
Nous avons signé un accord de modernisation du marché du travail qui a apporté des améliorations pour les salariés en situation de rupture individuelle de leur contrat de travail. Ils sont mieux accompagnés, perçoivent de meilleures indemnisations, disposent de nouveaux droits en matière de formation et de protection sociale lorsqu'ils quittent l'entreprise. Dans cette négociation interprofessionnelle, que j'appelle l'acte 1 de la sécurisation des parcours professionnels, les signataires sont convenus de l'ouverture d'autres négociations afin de construire de nouveaux droits pour les salariés. l'objectif est, d'une part, de prévenir les difficultés de l'emploi, et d'autre part d'accompagner ces difficultés. D'où la première négociation sur la GPEC de façon à anticiper le plus possible - y compris dans les petites entreprises les évolutions économiques et d'emploi ainsi que l'adaptation des qualifications pour les salariés. On perçoit ainsi la logique en termes de formation professionnelle continue, objet de la deuxième négociation, avec pour priorité la mutualisation des .moyens pour les moins qualifiés ou les plus en difficulté face au retour à l'emploi. Vient ensuite le volet accompagnement des chômeurs, troisième négociation, qui doit acter la nécessité d'une bonne indemnisation sans oublier une prime pour les jeunes qui n'ont pas travaillé suffisamment longtemps et un meilleur accompagnement. Il y a bien une vraie cohérence revendicative pour l'ensemble des parcours professionnels. La CFDT est la seule à porter cette logique globale.

« Je pense que nous avons l'occasion d'être totalement nous-mêmes dans cette période, car nous savons ce que nous voulons »


Où en est-on des tensions intersyndicales générées par la loi sur la représentativité?
Au bout du compte, les relations syndicales se font dans les entreprises et les administrations. Cet été, tous les syndicats ont signé l'accord sur le stress.

On voit bien là que cette guéguerre est inutile. Mais je le répète, cela va surtout se réguler sur les lieux de travail. C'est la raison pour laquelle, avec ces nouvelles règles de représentativité qui nécessitent 10 % des suffrages pour qu'un syndicat soit représentatif dans l'entreprise. Je dis aux militants CFDT: soyez tolérants avec les autres organisations, écoutez et tentez de créer des convergences et même de prévoir d'accueillir les militants d'autres organisations qui souhaitent travailler avec la CFDT. Je ne crois pas à la transformation du syndicalisme par le haut. Je suis convaincu, au contraire, que l'évolution des relations syndicales se fera dans les entreprises et les administrations. Et là : les militants CFDT, sans arrogance, à l'écoute des autres, ont un rôle majeur à jouer dans cette mutation du syndicalisme.

Propos recueillis par Philippe Réau
et Nicolas Ballot

(1) Si on me cherche ... fait actuellement partie des 50 meilleures ventes en librairie. Un retirage du livre est en cours.

Page mise à jour le 05/05/2009 à 11:10    
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